Apprendre à se connaître!
Interview d'I. Delcroix
Isabelle Delcroix a travaillé durant 8 ans au sein d'une institution universitaire (assistante en philosophie, conseillère en méthode de travail et professeur de propédeutique), mais a également enseigné dans le secondaire (général et technique/professionnel), et accompagne depuis 5 ans des étudiants (secondaire et supérieur) au sein de la société COGITO (responsable d'un bureau à Uccle). On comprend mieux qu'il lui tenait à cœur de partager son expérience en rédigeant un manuel pratique destiné aux élèves des 3 dernières années du secondaire.
La deuxième moitié des humanités est une période clé durant laquelle les élèves ont la maturité suffisante pour apprendre à se connaître et acquérir des habitudes de travail qui leur serviront pour opérer une transition réussie vers l'enseignement supérieur. Nous lui avons posé quelques questions afin de mieux comprendre sa manière d'aborder le rapport de ces jeunes à leur travail scolaire.
(N. Laurent) Isabelle, quels sont les thèmes principaux qui traversent ton ouvrage?
(I. Delcroix.) Il y a deux thèmes qui sont à mes yeux primordiaux. Je souhaite tout d’abord aider les élèves à (re)trouver le goût aux études, c'est-à-dire à donner du sens à leur travail d'apprentissage. Dans la mesure où leurs études font partie de leur vie (ils y passent les ¾ de leur temps !) il est essentiel qu’ils se les approprient, qu'ils les fassent leur. Une bonne partie de mon livre insiste sur ce point. Corollairement, je souhaite leur donner les moyens de trouver un rythme, pour qu’ils puissent gérer leur travail de façon autonome et ainsi s’approprier concrètement leur «métier» d’élève. Or pour trouver son rythme il faut se connaître!
(N. L.) Pourquoi est-ce si important d'apprendre à se connaître pour un élève du secondaire?
(I. D.) J'ai constaté que de nombreux échecs dans les études supérieures sont dus au fait que les étudiants n'ont pas appris à se connaître durant leurs études secondaires (Quand suis-je le plus efficace? Comment puis-je m’organiser? Quelle méthode de travail me convient-elle le mieux?). Les 3 dernières années des humanités sont particulièrement propices pour cet apprentissage: ils ne sont pas encore livrés à eux-mêmes puisque des devoirs et des leçons leur sont imposés régulièrement, mais en même temps une certaine latitude leur est octroyée pour qu’ils puissent apprendre à gérer leur temps, anticiper, bref s’organiser. Dès lors, en fonction des exigences que les études impliquent, chaque élève doit trouver son propre rythme de travail.
(N. L.) Quels sont les conseils spécifiques que tu souhaites donner à ces élèves?
(I. D.) Il faut qu'ils se posent la question: "que veut dire étudier?" Etudier ne se résume pas à évoquer mentalement tel ou tel contenu, en levant les yeux au ciel… Ainsi par exemple, s’approprier un texte de plusieurs pages en histoire passe d'abord par la lecture active (crayon à la main !), ensuite vient une étape de reprise et d'articulation (on met en évidence les concepts ou mots-clés, on reprend les différents articulateurs logiques), enfin le processus d'étude aboutit à une synthèse, qui doit être réalisée différemment en fonction du contenu en question: schéma en arbre, schéma heuristique, etc. Une telle approche fait partie du « R.A.I.D. », une approche originale que j’expose clairement dans mon livre.
(N. L.) Peux-tu encore préciser ce qui fait que les élèves des 3 dernières années du secondaire ont tout particulièrement besoin d'une telle méthode?
(I. D.) A partir de la quatrième année, les élèves doivent faire face à une quantité de matière plus importante. Pour gérer cette quantité, il doivent d’abord apprendre à gérer leur temps (anticiper!). Ils vont également découvrir qu'ils ne peuvent pas simplement lire passivement la matière pour l'apprendre: étudier c'est mémoriser et pour mémoriser efficacement il faut procéder avec méthode!
(N. L.) Pour terminer, peux-tu nous dire comment aborder ton livre: faut-il le lire de A à Z, ou le conçois-tu plutôt comme un outil?
(I. D.) C'est franchement un outil et pas un roman! Il ne faut donc pas nécessairement le lire de la première à la dernière page. Je conseille de lire l'introduction. On y trouvera toutes les clés pour accéder aux thèmes qui intéressent le plus le lecteur. Celui-ci peut ainsi passer d’un chapitre à l’autre au rythme qui est le sien et selon ses besoins : certains commenceront par exemple directement par le dernier chapitre, dans lequel je donne des conseils plus pratiques. besoins.
"Comment réussir vos études secondaires supérieures" (Texquis, 72 pages, ISBN 978-2-930650-03-6) est en vente au prix de 11 euros: COMMANDER.
Extrait:
"S’il est vrai que vous n’étudiez que vos synthèses, ce n’est pas pour autant que vous ne connaîtrez rien des détails qui faisaient partie de l’ensemble du document à étudier, mais que vous n’avez pas sélectionnés. Qu’est-ce à dire ? Le document sur la Deuxième Guerre mondiale que vous avez à étudier, c’est un peu comme un arbre, avec ses racines, son tronc, ses branches et ses multiples feuilles vertes. Vos synthèses, c’est le même arbre, mais sans ses multiples feuilles vertes. Néanmoins, il suffit d’avoir l’arbre pour que les feuilles repoussent. En d’autres termes, si vous avez vraiment pratiqué une lecture profonde et active, les synthèses qui en résultent, bien qu’elles soient dépourvues des détails qui surchargeraient inutilement votre étude, permettent à votre esprit de vous rappeler de ces détails. Parce que ces détails, vous les avez lus. Dès lors, si vos synthèses sont suffisamment explicites et articulées, elles devraient logiquement donner à votre esprit la capacité de compléter l’information de base retenue avec certains des détails pourtant restés dans le document initial."
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