lundi 26 mars 2012

Comment font ceux qui réussissent?

Une étude récente révèle les ingrédients qui font réussir les étudiants dans le supérieur ! 

Par Nathanaël Laurent, responsable chez COGITO.

Quoi de plus susceptible d'attiser notre curiosité que de se demander comment les étudiants qui parviennent à se distinguer dans leurs études supérieures (> 65%) s'y prennent pour apprendre? Nous savons tous que la clé de la réussite dans les études supérieures consiste à s'adapter activement à un nouveau type d'apprentissage: apprendre à apprendre nous répète-t-on souvent! Oui mais comment?

La chercheuse sud africaine Wendy Jayne McMillan (University of Western Cape) s'est posée cette question, a réalisé une recherche rigoureuse, et a publié récemment les résultats obtenus (1). Elle s'est intéressée plus précisément à la manière dont des étudiants en dentisterie qui réussissent leurs études s'y prennent pour apprendre.

Qu'a-t-elle découvert? Pour le dire en un mot, "les données indiquent que les élèves qui réussissent leurs études sont des apprenants auto-régulés". Qu'est-ce que cela peut bien vouloir dire?

Premièrement, l'apprentissage auto-régulé implique trois stratégies cognitives: répétition, élaboration et organisation. La répétition est à entendre dans le sens de s'exercer à exécuter seul ce qu'on devra faire en public (pensez au théâtre); elle se manifeste par la reconnaissance des points clés (en mettant en évidence ou en soulignant l'idée principale) et leur répétition (par le biais de la mémorisation). L'élaboration se caractérise par des stratégies telles que résumer et paraphraser (commenter en expliquant). L'organisation (de l'information) va de soi lorsque l'étudiant crée un résumé ou un schéma personnel pour faciliter l'apprentissage.

Outre les stratégies cognitives mentionnées ci-dessus, l'auteur relève également l'intervention de stratégies métacognitives lors de l'assistance aux cours ou de la gestion de l'étude. Pour l'assistance au cours, certains étudiants sentent le besoin de prendre connaissance à l'avance de la matière, tandis que d'autres écoutent attentivement le professeur en cherchant à dégager l'organisation de son exposé (on peut bien sûr faire les 2). En ce qui concerne la gestion de l'étude, l'accent est mis à la fois sur la compréhension, les attentes du professeur, et sur l'organisation du temps. Une chose intéressante à relever c'est que comprendre ne semble pas seulement impliquer une démarche passive et réceptive de lecture attentive de l'information, mais il s'agit d'un exercice systématique de comparaison: comparer les informations entre elles (différences, points communs) et/ou les informations théoriques avec les situations d'usage pratique. Gérer son étude en fonction des exigences du professeur est ensuite souligné comme étant une stratégie métacognitive essentielle: si le prof attend par exemple de nous une connaissance mot-à-mot de tel et tel paragraphes, alors une étude-perroquet est indispensable à cet endroit là. Pour la gestion du temps enfin, la chercheuse a observé que "tous ces étudiants avaient une vue d'ensemble précise des objectifs d'apprentissage qu'ils s'étaient fixés et expliquaient que cette stratégie leur permettait de cartographier ce qui devait être appris dans le temps disponible".

Enfin, la motivation est bien entendu un facteur clé pour viser la réussite dans ses études. D'après McMillan, l'expression "apprendre est indispensable" résume le mieux l'attitude de persévérance nécessaire et indique comment les étudiants utilisent leur choix d'orientation (leur but à long terme) pour se motiver à étudier au moment présent. Ici la confiance en soi se révèle être cruciale. Ce que rapporte cet étudiant est particulièrement significatif: "Nous ne pouvons fondamentalement réaliser que ce que nous croyons pouvoir faire. Si je dispose mon esprit à faire quelque chose, alors je vais faire en sorte de le réaliser." L'attrait pour le défi et la volonté de prouver à soi-même et aux autres que l'on peut arriver à réaliser quelque chose de difficile semble donc essentiel. Finalement, outre le fait d'acquérir une image positive de soi-même, prendre pour modèle de réussite une personne extérieure (un prof, un parent, un ami, etc.) peut aussi servir à stimuler la motivation au travail.

Point de recette miracle donc, et c'est bien naturel en matière de méthode de travail! Nous retrouvons néanmoins à travers cette étude 11 critères précis qui déterminent l'attitude des étudiants qui réussissent leurs études (soulignés ci-dessus). Chaque étudiant devrait dès lors confronter son attitude actuelle à chacun de ces ingrédients de manière à changer ou ajuster sa méthode de travail, ou du moins à diagnostiquer ce qui risque de lui causer des difficultés dans les semaines à venir.

Pour poser un tel diagnostic, des aides existent sous la forme de formations en méthode de travail. Un blocus assisté peut également fournir à la fois l'environnement propice dans lequel réaliser un travail d'étude efficace - un environnement qui permet d'acquérir cet image positive de soi-même - et des modèles qui stimulent la persévérance. En tout cas, plus de temps à perdre: foncez, et gagnez!
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(1) W. J. McMillan, 2010, "‘Your thrust is to understand’-how academically successful students learn", Teaching in Higher Education, 15(1), 1-13.

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