lundi 30 novembre 2015

Faut-il craindre le soutien scolaire?

"Le soutien pourrait être la mauvaise conscience du système, l’aiguillon du changement, l’agent d’innovation et de recherche de solutions qui dépasseraient l’action des opérateurs et impliqueraient l’ensemble des maîtres et l’école elle-même." (Philippe Perrenoud)

Le soutien scolaire: de l'ombre à la lumière


Décrié par les défenseurs de la justice sociale qui souhaitent "offrir aux élèves qui en ont besoin ce que les familles aisées trouvent dans le privé" (source), dénoncé comme étant le "marché de l'angoisse et des inégalités" (source), le soutien scolaire est pourtant de plus en plus sollicité. Ainsi, en Belgique au moins un élève sur dix suit une remédiation en dehors de l'école).


Ce phénomène s'éclaire sans doute si on rappelle les quelques chiffres suivants: "60 000 élèves redoublent chaque année en Communauté française de Belgique, près de 70 % des élèves recommencent au moins une année durant leur scolarité, 20 % des élèves quittent l'enseignement sans diplôme à la fin du secondaire" (source).

L'expansion du soutien scolaire dépasse bien entendu nos frontières. Les pays de l'Union Européenne font face à une "irrésistible montée en puissance du soutien scolaire privé" (source), ce que montre avec force Mark Bray (directeur du Centre de recherche en éducation comparée de l'Université de Hongkong) dans un rapport paru en 2011 et intitulé "Le défi de l'éducation de l'ombre". 

D'après ce spécialiste, le phénomène serait parti d'Asie (les "hagwons" de Corée du Sud et les "boîtes à bachotage" taïwanaises l'illustrent) pour gagner ensuite les pays de l'Europe de l'Est (une question de survie pour les enseignants de l'ex-URSS), puis de l'Europe du Sud et de l'Ouest.

M. Bray tente de comprendre à quoi peut être dû l'expansion de cette éducation parallèle. "Dans une certaine mesure, ce phénomène résulte des déficiences du système conventionnel", souligne-t-il dans un article de 2013, avant d'ajouter que l'éducation de l'ombre "reflète également la demande des familles, placées dans des environnements de plus en plus compétitifs."

En Europe de l'Ouest, la France est la championne du soutien scolaire privé. 26,2% des élèves français ont bénéficié de soutien scolaire en 2009, d’après les chiffres de l’OCDE (environ 5 millions d’heures de cours chaque année!). Ni la crise économique, ni les réformes fiscales n'ont pu déstabiliser ce mastodonte qui se nourrirait notamment de nos peurs et angoisses. Selon une étude citée par Le Figaro (source), les parents seraient ainsi poussés à "miser sur le soutien scolaire pour assurer de meilleures perspectives d'avenir à leurs enfants", car "l'obtention d'un diplôme de l'enseignement supérieur protège du chômage".

De toute évidence, les entreprises privées offrant une aide aux apprenants font passer le soutien scolaire de l'ombre à la lumière! Le N°1 Français du genre, Acadomia, en est le parfait exemple: "près de 20.000 enseignants aujourd'hui sur le territoire via 120 agences" (source). De telles structures permettent donc de lutter à la fois contre le chômage et le travail au noir. 

Mais ce que ce phénomène met également en lumière, ce sont les failles du système d'enseignement conventionnel. Proposer des programmes personnalisés d'aide à la réussite aux élèves en difficulté est un dispositif qui ne devrait pas exister en soi, puisqu’il devrait être inhérent aux démarches de l'enseignement ordinaire. Encore faut-il miser sur la qualité et non la quantité!  Or le soutien scolaire privé apporte la preuve que les enseignants ont besoin de liberté pour exercer correctement leur rôle de transmetteurs du savoir. Ce n'est que lorsqu'ils sont passionnant qu'apprendre devient un véritable plaisir.

Le classement PISA 2013 l'a suffisamment montré: "Les pays au top sont ceux qui mettent l'accent sur la sélection et la formation des enseignants. Ils encouragent les profs à travailler ensemble et investissent en priorité dans l'amélioration de leur qualité, et non dans la taille des classes." (source).

Le monde de l'enseignement est en perpétuelle évolution, et ses dirigeants ne cessent de remettre en question les méthodes d'apprentissage. Dans un tel contexte, le soutien scolaire privé peut aussi apporter sa contribution en étant générateur d'idées novatrices. 

Un espace intermédiaire entre la famille et l'école.

Sans véritablement jouer le rôle de médiateur - ce qui impliquerait qu'il soit en contact direct avec les enseignants ordinaires et les familles -, le soutien scolaire sert pourtant de levier à l'apprentissage et de régénérateur de confiance auprès des élèves. Ni maître, ni parent, l'accompagnateur va plutôt être un guide (un tuteur) permettant aux jeunes qu'il soutient de croire à nouveau en eux et/ou de se surpasser.



Le fait est que les structures de soutien scolaire sont devenues presque indispensables, accueillant des proportions significatives d’élèves (8 à 10 % des élèves selon les sources). 


Certains se demandent même si nous ne nous dirigeons pas vers une institutionnalisation des écoles privées d'accompagnement. Dans son livre intitulé L'accompagnement scolaire. Sociologie d'une marge de l'école (PUF, 2001), Dominique Glasman montre que certains indices d'une telle tendance sont aujourd'hui observables, même si, en la matière, cette solution poserait d’autres problèmes. L'auteur envisage également que se mette en place une meilleure coordination avec les acteurs de l’école, dans une éthique de "responsabilité partagée", mais il n'en relève guère de signes sur le terrain.


Mark Bray souligne de son côté plusieurs avantages que l'on peut reconnaître au soutien scolaire: "les cours particuliers aident les élèves à apprendre et, ce faisant, développent leur capital humain, lequel peut à son tour contribuer au développement économique. Le soutien peut aussi avoir des fonctions sociales utiles, en donnant aux enfants et aux jeunes l’occasion d’avoir des contacts constructifs avec leurs pairs et avec d’autres personnes. C’est également une source de revenus pour les enseignants qui le proposent ; enfin, il peut rendre service aux professeurs du système éducatif, en aidant les élèves à comprendre des leçons qu’ils n’auraient peut-être pas comprises par eux-mêmes." (source)

Au final, nous aurions donc tort de craindre le soutien scolaire. Il est en quelque sorte le miroir d'une certaine réalité propre à notre système éducatif (et plus largement à notre société): ce faisant, il peut être un vecteur puissant de réflexion et de progrès.

Nathanaël LAURENT

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samedi 31 octobre 2015

A mi-course du 1er quadrimestre, il faut commencer à mémoriser!

« Il n’y a pas d’apprentissage sans engagement de l’apprenant dans la tâche » (Galand, B. & Bourgeois, E., 2006, (Se) motiver à apprendre, Paris, Presses universitaires de France)

Mettre au propre et comprendre... ou mettre de l'ordre et mémoriser?

Les dizaines d'étudiants qui participent à nos journées de formation en méthode de travail en témoignent: le temps qu'ils passent à mettre au propre leurs notes et à lire leurs supports de cours est considérable.

Pour la plupart des étudiants, ces deux activités représentent l'essentiel du travail effectué avant le blocus. Les plus actifs d'entre eux réalisent aussi ce qu'ils appellent une "synthèse" ou un "résumé": il s'agit d'un condensé de la matière obtenu en éliminant toutes les informations de cette dernière qui paraissent secondaires (introductions, exemples, anecdotes, répétitions, etc.).

A cette période de l'année - à savoir, à mi-course du premier quadrimestre - il faut pourtant se poser une question essentielle: ne faudrait-il pas commencer maintenant à  "étudier", c'est-à-dire à mémoriser? Et la réponse est, sans équivoque possible: oui, bien entendu!

C'est ici que nous touchons du doigt le point sensible, c'est-à-dire le point faible de nombreux étudiants qui ont tendance à reporter à plus tard (procrastiner) un travail qui pourtant leur donnerait une sacrée chance de réussite. Oui mais, comment faire pour mémoriser efficacement deux mois avant les examens? N'est-ce pas du temps perdu? Ne va-t-on pas tout oublier, et donc ne devra-t-on pas tout recommencer fin décembre?

"Une des questions les plus pressantes en neurosciences est de savoir comment les souvenirs - particulièrement ceux à long terme - sont stockés dans le cerveau, étant donné que la p
lupart des protéines à l'intérieur des neurones sont constamment renouvelées (...)", souligne Emily Underwood du magazine Science dans un commentaire récent. C'est donc finalement le même genre de question qui préoccupe l'étudiant. Vu que tellement d'eau va couler sous les ponts d'ici fin décembre, comment faire pour garder en mémoire ce qui sera étudié aujourd'hui? Sa bonne conscience lui souffle pourtant qu'il faut prendre l'avance et commencer à mémoriser les matières qui s'accumulent déjà depuis 7 semaines!

Si les scientifiques ne savent pas encore comment s'opère dans notre cerveau la rétention des informations sur le long terme, nous savons par contre toutes et tous très bien que notre organe de la pensée et de l'intelligence est bel et bien doté de cette fonction. Essayez de vous rappeler des conjonctions de coordination, des pronoms relatifs, des mots en "ou" ayant un pluriel en "oux", etc. N'avez-vous pas une bonne mémoire finalement?

Ce qui compte, c'est de comprendre ce qui se passe lorsque l'on mémorise à long terme, et l'exemple du moyen mnémotechnique constitue un bon guide:

1. Répertorier et énumérer
Au départ il y a une montagne d'informations, des mots, des paragraphes et puis des pages qui défilent. Il ne semble pas y avoir d'ordre: où le professeur veut-il en venir? à quoi cela peut-il bien me servir? pourquoi ces informations s'enchaînent-elles de la sorte?
Pour le professeur tout cela paraît "naturel", mais pour l'étudiant c'est encore le désordre!
Répertorier et énumérer: c'est ce que l'étudiant fait donc spontanément lorsqu'il rassemble ses notes et autres supports de cours. Il se demande alors comment il va faire pour mettre de l'ordre dans tout cela, et c'est le point de départ normal de son travail d'étude.

2. Organiser, ordonner et structurer
Le professeur propose toujours une grille de lecture des informations qui composent son cours. Il faut l'entendre lorsqu'il donne cours: c'est un véritable raisonnement qu'il suit! Même si ce n'est pas directement compréhensible, une chose est certaine: il y a un raisonnement et il faut en découvrir le fil conducteur, la logique! 
La table des matières reflète la manière d'organiser les données théoriques et/ou pratiques qui sont enseignées. Pour ordonner et structurer, l'enseignant propose bien un fil conducteur qu'il faut à tout prix découvrir: avoir une vue d'ensemble du cours est un prérequis pour la suite.
Une étape essentielle du travail d'étude consiste donc à s'approprier la logique proposée par le professeur pour exposer le sujet de son cours.
Le plan général et le plan détaillé de chaque matière doivent ainsi être étudiés et connus, et ce dès que possible (en tous cas bien avant le blocus). Il faut que l'étudiant soit capable de raconter le fil conducteur de ses cours comme des histoires: "il était une fois le droit naturel ...", ou "il était une fois la physique mécanique ...", etc.
3. Classer ou catégoriser
C'est ici que l'étudiant doit véritablement s'engager, mettre les mains dans le cambouis, et surtout faire preuve d'intelligence: il doit en effet se poser des questions qui lui permettront d'organiser autrement la matière.
C'est ce que nous appelons faire des synthèses: à savoir établir des "nouveaux" liens entre des informations contenues dans le cours (dans les chapitres mais aussi entre eux, voire entre différents cours).
Il s'agira par exemple de repérer dans un cours toutes les données historiques et de les ordonner (ligne du temps), ou bien tous les auteurs auxquels il est fait référence et de comparer leurs apports respectifs, ou encore toutes les techniques qui sont introduites de ci de là dans les différents chapitres, etc.

Au final, c'est la gestion du temps qui est en jeu: soit l'étudiant se contente de mettre au propre, de lire et de comprendre ses cours (et il reporte à plus tard le travail essentiel de mémorisation); soit il s'engage dans l'apprentissage et prend en mains son destin! Dans ce dernier cas, il devra s'investir dans le travail de mise en ordre des informations contenues dans ses différents cours, car c'est cela mémoriser à long terme

"Faire des liens", voilà le secret de la mémoire à long terme (voyez par exemple ce que vous demande de faire le mind mapping). Et il ne s'agit pas seulement de liens entre la théorie et la pratique... La théorie elle-même, malgré la structure proposée par chaque professeur, doit faire l'objet d'une réorganisation d'après des critères que l'étudiant aura lui même découverts.

Nathanaël LAURENT
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jeudi 24 septembre 2015

Notre société a besoin de créateurs!

"Si quelqu'un répète deux jours de suite la même tâche, il ferait mieux de réfléchir plutôt au logiciel qui le fera à sa place le troisième jour." (Un étudiant en informatique; source)

Etudier pour se préparer à vivre dans la société de demain.

La société de demain est celle qu'auront à bâtir les étudiants d'aujourd'hui. Le même défi est relevé par chaque génération: essayer de répondre aux besoins de tous les individus dans un environnement en continuel changement.

Or qui dit "changement", dit innovation! Ce que vous apprenez aujourd'hui en étudiant pourra servir à reproduire certains modèles du passé, mais cela devra surtout servir à créer du neuf pour faire face aux conditions de vie nouvelles de demain.

Prenons un exemple, celui de la numérisation massive de notre environnement. Le contexte économique actuel est extrêmement mouvant et novateur: économie collaborative, Ubérisation, freelancisation, etc. Nous voulions de la nouveauté, nous voilà servis! Le digital est en passe de révolutionner le monde, et pas seulement celui des hôpitaux (lien vers ce sujet) et des écoles (lire à ce sujet): c'est toute notre société qui se numérise, comme le reconnaît par exemple la psychosociologue française Isabelle Compiègne!

Pour cet autre spécialiste français qu'est Bruno Teboul, notre société s'apprête à connaître une mutation de son économie au fur et à mesure qu'elle se numérise. Ce phénomène entraînera même d'après lui la suppression de millions d'emplois (voyez par exemple ce reportage). Paradoxalement, la croissance que nous connaissons est faible alors même que nous vivons une période d'innovations intenses. Bruno Teboul précise:

"Aujourd’hui de nombreuses études sérieuses, qui viennent notamment du département du travail américain, expliquent qu’à l’horizon 2025, il y aura entre 42% et 47% des jobs qui seront détruits par cette automatisation ou «computerisation» de l’économie. Il y a néanmoins création de valeurs car s’il y a destruction d’emplois salariés, on assiste à la création de microentreprises, de boulots ou petits boulots tenus par des freelance."
(lire l'article en entier)

Les plus optimistes se rappelleront que l'économiste autrichien Joseph Schumpeter parlait de "destruction créatrice" pour décrire l’innovation. Quoi qu'il en soit, le défi est bien réel et l'innovation - quelle que soit la forme qu'elle prendra - sera nécessaire pour maintenir nos sociétés "en vie".


Les étudiants qui entament en ce mois de septembre des études supérieures, et qui se préparent donc à exercer un métier, une fonction, dans notre société, sont-ils conscients des enjeux de leur démarche? Pourquoi étudient-ils? Voici plusieurs réponses possibles parmi lesquelles vous pouvez cocher celle qui vous concerne:
  • Pour faire plaisir aux parents.
  • Parce que sans diplôme on ne peut pas trouver du travail.
  • Parce que c'est comme cela, "tout le monde" entreprend des études.
  • Parce que plus tard je veux être ..... (complétez) et faire ........ (complétez).
Pas si simple de vivre dans la peau d'un jeune qui termine sa rhéto en 2015! D'un côté il entend qu'il y a aura de moins en moins d'emplois salariés, et de l'autre on continue à lui dire que sans diplôme le marché de l'emploi lui fermera ses portes. Que faire? Comment agir?

Et si les études, outre la formation professionnelle qu'elles apportent, offraient également un autre type d'apprentissage? En apprenant aux jeunes adultes à devenir autonomes et à réfléchir par eux-mêmes, les études supérieures ne les préparent-elle pas (ou ne devraient-elles pas les préparer) à devenir créateurs de nouveautés: nouveaux jobs, nouvelles manières de gérer la vie active, nouveaux rapports à l'environnement, nouveaux modes d'échanges, etc.?

Daniel Cohen, directeur du département d'économie de l'Ecole normale supérieure et du Centre pour la recherche économique et ses applications, encourage cette perspective lorsqu'il affirme par exemple que l' "on voit des réflexes moins matérialistes apparaître dans la jeune génération: ils partagent leurs voitures, échangent leurs appartements... C'était inconcevable autrefois! Quelque chose de neuf émerge." (Lire l'article).

Et pour que quelque chose de neuf puisse émerger, à savoir pour que les jeunes d'aujourd'hui aient demain des chances d'avoir de nouvelles idées, nous pensons qu'il faut avant tout qu'ils investissent dans des études (de type long ou de type court). L'objectif premier serait donc le suivant: apprendre à apprendre, apprendre à être curieux, apprendre à se poser des questions et à aller chercher l'information pertinente.

Dans une société numérisée, ce sont les étudiants qui doivent devenir de véritables moteurs de recherche! Ce dont ils ont avant tout besoin pour devenir de tels "moteurs", c'est bien d'une méthode: ils doivent apprendre à organiser leur travail de telle sorte que les matières apprises nourrissent comme compétence la capacité d'innover plutôt que le réflexe de répéter et de restituer!

Il ne nous reste plus alors qu'à vous souhaiter une bonne nouvelle année académique: profitez-bien de vos études, véritable incubateur d'innovations!

Nathanaël LAURENT

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samedi 27 juin 2015

Réussir, ça s'apprend!

"L'intelligence, c'est la faculté d'adaptation" (André Gide, Traité du Narcisse)

Pour réussir dans les études supérieures, il faut s'adapter.
Les études supérieures constituent un monde à part entière, et l'étudiant qui y pénètre pour la première fois se retrouve forcément dans un environnement nouveau. Si l'être humain possède une faculté d'adaptation extraordinaire, encore faut-il qu'elle soit guidée dans la bonne direction! 


Les étudiants qui sont concernés par un problème d'adaptation sont : d'une part ceux qui ont entamé un baccalauréat cette année (ou l'an dernier) et qui se retrouvent actuellement en situation d'échec; d'autre part les futurs bacheliers qui ont terminé le cycle des études secondaires avec plus ou moins de facilités.

Pour les premiers, l'annonce des résultats est synonyme de douche froide, de claque: le moral en prend un coup et la confiance en soi est bien sûr écornée; surtout si aucun problème n'était survenu dans le parcours scolaire jusqu'à présent, et plus encore si une quantité de travail importante a été fournie durant l'année écoulée.

Pour les seconds, l'annonce des résultats suscite au contraire l'euphorie, ou du moins la grande fierté d'avoir achevé un cycle d'études et de voir les portes de la liberté s'entrouvrir devant soi : choisir un métier, des études, éventuellement un kot.

Comment la confiance des futurs bacheliers a-t-elle bien pu se transformer en désespoir au terme d'une année?

Les étudiants faisant aujourd'hui face à l'échec (en moyenne, la moitié des étudiants inscrits en 1ère année de baccalauréat en font partie) peuvent certainement répondre à cette question. Ils n'hésiteraient sans doute pas à dire à leur successeurs: "Faites gaffe! Vous n'imaginez pas ce qui vous attend... ça n'a rien à voir avec ce que vous avez connu jusqu'à présent! Renseignez-vous bien sur ce qui vous attend."

Anticiper: la meilleure manière de s'adapter au métier d'étudiant

Les futurs bacheliers accepteraient peut-être plus facilement la recommandation si elle venait de leurs aînés. Quoiqu'il en soit, il faut bien constater que trop d'étudiants ne se préparent pas réellement, c'est-à-dire concrètement, à leur futur métier d'étudiant. Un métier qui ne s'improvise pas et qui nécessite de développer avant tout une faculté d'adaptation.
Comment se préparer? Il ne suffit pas d'avoir écouté quelques représentants de Hautes Ecoles et Universités dans un salon des études. Il ne suffit pas non plus de s'être laissé séduit par le témoignage de tel ou tel ancien de l'école passionné par son métier actuel. Il ne suffit pas de rêver son avenir et de se fier à son feeling ou à d'autres intuitions. Tout cela peut aider le futur bachelier à désigner l'une ou l'autre filières d'études à explorer, mais pas à s'y préparer
Un bilan d'orientation convenable, c'est-à-dire attentif à cet dimension anticipative, proposera par exemple de réaliser les démarches suivantes:
  • Lire en entier les descriptifs que les Hautes Ecoles et Universités proposent pour chaque filière d'études: profession(s) visée(s), débouchés, compétences et exigences associées à chacune d'elles.
  • Comparer les programmes: en fonction du lieu d'étude le programme peut varier considérablement, et ce pour une même filière d'études!
  • Analyser de manière détaillée le programme des cours à venir, et notamment la fiche de cours obligatoirement mise en ligne: contenu du cours, modalités d'organisation et d'évaluation.
  • Internet regorge de contenus de cours qui permettent, à quiconque se montre un minimum curieux et intéressé, de découvrir de quoi est fait une matière de comptabilité, d'anatomie, de droit romain, etc. Il faut pratiquer cette recherche active qui est malheureusement très souvent remplacée par une participation passive à des cours préparatoires!
Dans un article qui vient d'être publié par Le Huffington Post, deux acteurs de l'enseignement universitaire en France dénoncent le manque d'anticipation flagrant de la part des futurs bacheliers:
"Force est de constater que les bacheliers ne sont pas suffisamment préparés à la transition lycée/université qui peut s'avérer abrupte sans un accompagnement approprié. Par ailleurs, les lycéens sont parfois passifs quand il s'agit de se projeter dans leurs futures études."

Et les auteurs de poursuivre leur analyse tout en proposant quelques pistes de solutions:
"L'université est synonyme d'autonomie. Au lycée, les étudiants sont très encadrés. Il est donc souvent difficile pour eux de s'adapter aux nouvelles libertés de l'université qui représentent aussi des contraintes: organisation personnelle, rythme de travail. La réponse est de les accompagner dès le départ sur ces aspects: discipline personnelle, ajustement au changement d'habitude pédagogique, et développer leur capacité d'autonomie."

A la recherche de l'accompagnement approprié!
Les solutions qui viennent d'être évoquées renvoient à la clé du succès telle que la connaît l'être humain depuis la nuit des temps: le travail! 

Mais pas un travail réalisé n'importe comment bien évidemment! La "discipline personnelle" et l' "ajustement au changement d'habitude pédagogique" peuvent être atteints à condition que l'étudiant soit placé dans un environnement propice qui lui serve de tremplin

Comme une plante a besoin de se trouver dans les conditions propices à son développement, l'étudiant doit quant à lui étudier dans un environnement favorable au déploiement de ses facultés de travail et de son intelligence. Cet environnement est par exemple celui proposé par le blocus assisté, une formule éprouvée depuis 15 ans qui allie rigueur, méthode de travail, coaching... tout cela avec un esprit positif: les étudiants qui constatent que leurs coachs croient en leurs capacités parviennent à se relever plus rapidement!

Comme le disent encore les auteurs cités plus haut, "
le mot d'ordre est donc s'adapter: à l'hétérogénéité des niveaux, aux parcours, aux projets." Et nous les rejoignons à 100% dans leur conclusion qui consiste à dire que s'adapter est "un travail difficile, mais nécessaire pour éviter l'échec universitaire".

Nathanaël LAURENT
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vendredi 22 mai 2015

Le blocus, une période d'auto-évaluation.

"L’essor de l’autonomie de l’apprenant est indissociablement lié à l’auto-évaluation." (Marlyse Pillonel et Jean Rouiller)

Gérer le blocus: la métacognition avant tout!

Pour la grande majorité des étudiants, le moment est venu de préparer à temps plein les examens qui débuteront d'ici peu. De quoi s'agit-il précisément? Nous parlons bien entendu du "blocus", auquel nous pouvons associer deux fonctions principales: d'une part vérifier les acquis, d'autre part compléter les acquis.

Seul face à ses notes, syllabi, résumés et autres ouvrages de référence, l'étudiant a un objectif bien précis à atteindre: maîtriser ces savoirs, tant théoriques que pratiques. Mais de quels moyens dispose-t-il pour accomplir sa mission?

La plupart des étudiants eux-mêmes répondraient (trop) rapidement à cette question en déclarant: "étudier!", terme fourre-tout qui peut être traduit par "mémoriser". Mais la mémorisation, si elle est envisagée comme une pure activité de répétition (ce qui est le plus souvent le cas), ne mènera pas très loin! Il ne s'agit en effet au mieux que d'une rétention à court terme de l'information, et d'une méthode d'assimilation qui ne résistera pas aux exigences de l'évaluation.

Le blocus peut par contre être envisagé tout autrement. Il s'agit alors d'une épreuve de passage, et ce passage est celui qui mène vers plus d'autonomie. Or, pour acquérir la maîtrise des matières tout en augmentant son degré d'autonomie, l'étudiant doit utiliser un instrument bien spécifique: l'auto-évaluation.

Chercheur à l'Institut Romand de documentation pédagogique, Jean Cardinet présente l'outil d'auto-évaluation comme suit: "C'est le moyen essentiel dont on dispose pour faire passer la connaissance de l'élève d'un simple savoir-faire non réfléchi, purement opératoire, à un savoir réfléchi, permettant d'intervenir consciemment sur ce savoir-faire lui même. Seul cet apprentissage de l'auto-évaluation peut donner accès à l'autonomie, objectif ultime de toute éducation."(1) L'auto-évaluation peut donc être considérée comme moyen pédagogique employés par les enseignants... mais ce que nous proposons quant à nous, c'est d'en faire une méthode de travail à mettre entre les mains des étudiants du supérieur, et ce afin d'augmenter considérablement l'efficacité de leur travail.


Dans un article traitant le sujet, Lise St-Pierre, Professeure associée à l'Université de Sherbrooke, insiste sur la dimension réflexive qu'exploite l'auto-évaluation: "Se distinguant des concepts d’autotest, d’autoexamen et d’autocorrection, l’autoévaluation est plutôt une démarche réflexive, une appréciation, un jugement argumenté."

La particularité d'une telle démarche d'apprentissage est qu'elle fait appel à la métacognition: l'étudiant réfléchit sur sa propre manière de comprendre, de retenir (en organisant), puis de restituer (en verbalisant) l'information. Plus précisément, la métacognition a été définie comme "le regard qu’une personne porte sur sa démarche mentale dans un but d’action afin de planifier, évaluer, ajuster et vérifier son processus d’apprentissage" (2).

A condition d'avoir bien géré son temps, c'est-à-dire à condition d'avoir déjà assimilé une partie des matières avant le blocus (au moins le plan des cours, les informations essentielles et les principaux liens entre les sections, chapitres, parties des cours), l'étudiant peut via l'auto-évaluation se mettre à la place de ce ceux qui vont l'interroger. Ce qu'il faut à tout prix, c'est éviter que l'examen soit la première évaluation: comme toute première fois, ce sera presque nécessairement "pas terrible", maladroit et incomplet. Ce qu'il faut, c'est que l'étudiant - comme l'acteur - fasse des répétitions générales: c'est la seule manière pour lui d'observer ce qu'il fait, comment il le fait, et dans quelle mesure cela permet d'atteindre l'objectif visé (la maîtrise).

Concrètement l'autoévaluation consiste dans un premier temps à se poser toute une série de questions, souvent simples et générales, au sujet de ce qui a été appris (le contenu) : Quel est l'objectif de ce cours? Par quelles étapes passe-t-on pour l'atteindre? Sur quoi faut-il insister le plus? Quelles sont les finalités pratiques de cette matière? etc.

De manière à accéder au niveau de la métacognition qui nous apprend à mieux nous connaître et qui nous permet de devenir plus autonome, d'autres questions doivent ensuite être posées qui concernent cette fois non plus la matière proprement dite mais les moyens mis en oeuvre pour en atteindre la maîtrise dans un temps imparti (le planning!): Qu’est-ce que je visais? Ai-je atteint la maîtrise de la quantité de matière que je m'étais fixée comme objectif? Qu’est-ce que j’ai fait dans la pratique pour y parvenir? Pourquoi ai-je fait comme cela et pas autrement? Quelles conditions ou éléments de contexte ont facilité ou entravé la réalisation de mon travail? etc.

En fin de compte, rappelons que l'enseignement ne vise nullement à transformer les apprenants en les remplissant de savoirs. Ce serait les priver de la possibilité de se façonner par eux-mêmes! Or c'est justement cette occasion de se former soi-même qui est la base sur laquelle peut venir s'appuyer la motivation. Sans motivation pas de curiosité, sans curiosité pas de questionnement, et sans questionnement pas d'étude active nécessaire pour activer la mémoire à long terme.

Chercheurs à l'Université de Fribourg, Marlyse Pillonel et Jean Rouiller soulignent encore les vertus de l'auto-évaluation de la manière suivante: "Se comprendre de l’intérieur, se questionner, permet de dégager des pistes pour ses actions futures." (Cahiers Pédagogiques n°393).


Alors, il ne nous reste plus qu'à souhaiter bon courage aux étudiants auxquels est donnée la chance non seulement d'accéder à cette fantastique maîtrise du savoir, mais aussi à plus d'autonomie!

Nathanaël LAURENT

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(1) CARDINET, J. (1988) : La maîtrise, communication réussie. In : HUBERMAN, M. (éd.), Assurer la réussite des apprentissages scolaires ? Les propositions de la pédagogie de maîtrise (TDB). Paris & Neuchâtel : Delachaux & Niestlé, 155 - 195.
(2) LAFORTUNE, L., et C. DEAUDELIN, Accompagnement socioconstructiviste. Pour s’approprier une réforme en éducation, Sainte-Foy, Presses de l’Université du Québec, 2001, p.37.

jeudi 30 avril 2015

Pour bien s'orienter dans les études supérieures.

Université ou Haute Ecole? Type long ou type court? Quelles sont les conséquences de mon choix?

Comme chaque année, des milliers d'élèves achevant leurs études secondaires s'apprêtent à choisir une filière de l'enseignement supérieur, et ce choix n'est pas toujours facile.
Rappelons pour commencer l'organisation des études supérieures en Belgique. L'organigramme suivant permettra d'y voir plus clair:
La question se pose notamment de savoir s'il faut privilégier des études universitaires. En effet, l'accès à celles-ci s'est fortement démocratisé au cours des dernières décennies, d'une part, et ce type d'études possède une aura positive importante dans la conscience populaire, d'autre part.

Les études universitaires garantiraient-elles davantage l'accès à l'emploi? Permettraient-elles d'atteindre des postes mieux rémunérés? Seraient-elle la voie nécessaire pour faire apparaître dans son CV un niveau "supérieur" d'intelligence?

Relevons pour commencer le fait suivant: alors que la population des étudiants ne cesse d'augmenter au sein des universités (près de 30% entre 2004 et 2010), celle des hautes écoles à tendance plutôt à stagner (-0,4% pour le type long et +7,3% pour le type court durant la même période). Ces données officielles (cf. tableau ci-dessous) permettent en outre de souligner l'augmentation importante de la population des étudiants dans les filières plus "artistiques" (ISA: instituts supérieurs d'architecture et ESA: écoles supérieures des arts).

La question que nous nous posons est dès lors la suivante: pourquoi les étudiants fuient-ils le baccalauréat professionnalisant (type court) et, plus généralement les hautes écoles? Sans pouvoir affirmer détenir la réponse définitive à cette question difficile, osons malgré tout dénoncer certains clichés nuisant à l'image des hautes écoles:
  • Ce seraient des études faciles
  • Elles seraient destinées à ceux qui ont déjà rencontré des difficultés scolaires
  • Ce type d'études conviendrait lorsque l'on n'a pas une « bonne » mémoire 
  • Ce serait bien pour ceux qui n'ont pas envie de beaucoup étudier
  • Ce seraient des études pour les moins « malins »
  • Ces études conduiraient à un diplôme « inférieur » à celui des études universitaires
  • Ces études déboucheraient sur des métiers moins bien rémunérés
Tous ces préjugés sont faux bien entendu. Bon nombre d'entre eux ont trait aux capacités intellectuelles, à savoir notre fameuse "intelligence". Mais de quoi s'agit-il? Voici quelques éléments de réponse qui nous paraissent essentiels:
  • Il ne s'agit pas d'un critère quantitatif (retenir plus et plus vite, réfléchir plus vite, etc.).
  • La pensée est un rouleau compresseur qui ne sait faire que simplifier (cf. le langage et la manière avec laquelle les mots signifient).
  • Etre intelligent, c'est pouvoir atteindre cette simplification (esprit de synthèse) pour mieux rechercher ensuite (esprit d'analyse) les informations omises, oubliées, manquantes… bref pour remettre en question les premières certitudes.

Nous pouvons sur cette base nous pencher sur quelques vérités relatives aux études supérieures de type court:
  • Cette filière «répond à des objectifs professionnels précis» (Décret 31-03-2004, art. 4) et à des besoins différents de la part des jeunes et de la société. 
  • Ses programmes sont davantage orientés vers la formation pratique. Ils se distinguent ainsi fortement des enseignements dispensés à l’université et dans le type long hors université. 
Finalement, les programmes de type court remplissent dans la société un rôle fondamental, qui devrait être valorisé! Bon nombre de professions exigent une formation spécifique centrée sur la pratique et développant une intelligence importante d'un type particulier: il s'agira d'apprendre à maîtriser des compétences techniques précises et à la mettre adéquatement au service de situations diverses et parfois complexes. Si le bagage théorique est plus léger que celui envisagé par les programmes universitaires, la diversité des situations réelles d'application est par contre souvent plus importante. Songez à ce que représente un bon électricien, un bon plombier, ou encore un bon comptable: à chaque fois ce sera la personne qui pourra adapter son savoir-faire à la singularité d'une situation que vous lui présenterez.

En ce qui concerne les études de type long en haute école (ingénieur industriel, ingénieur de gestion, gestion d'entreprise, communication appliquée, kinésithérapie, traduction et interprétariat, etc.), il est également important de souligner que la qualité des études équivaut le plus souvent à celles offertes par les universités dans une filière équivalente. Dans certains cas les spécificités des études en haute école confèrent même un réel avantage (un "plus") qui risque de passer inaperçu aux yeux de nombreux parents et étudiants (cf. les préjugés cités plus haut):
  • Le fait de privilégier le travail en petits groupes augmente la qualité de l'enseignement
  • L'accent mis sur la formation pratique s'avère parfois très avantageux: apprentissage des langues plus poussé
  • La liaison avec le monde professionnel et plus particulièrement celui des entreprises est bien mieux pris en charge grâce aux stages: la garantie de trouver rapidement un emploi est souvent plus élevée.
Il convient donc de reconnaître à chaque type d'études sa finalité propre. Chaque étudiant pourra ainsi, en fonction de son projet d'avenir, s'orienter plus objectivement dans l'offre qui lui est proposée.

Du côté des universités, l'accent mis sur la formation théorique restera ainsi toujours indispensable pour qui nourrit un des projets suivants:
  • Faire de la recherche (doctorat) et contribuer à augmenter nos connaissances dans un domaine donné
  • Enseigner à des élèves de l'enseignement secondaire supérieur ou de l'enseignement supérieur
  • Diriger des projets de gestion et de conception: économiques, technologiques, etc.
  • Maîtriser tout l'art de la médecine (humaine ou animale)
A chacun sa voie, donc, et méfiance à l'égard des classifications simplistes fondées sur nos a priori bien souvent suspects. Cultivons l'intelligence en remettant ces deniers en question... notre avenir ne pourra que mieux s'en porter!

Nathanaël LAURENT
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TIP: Vous souhaitez de l'aide pour vous orienter correctement dans les études supérieures et les professions? Vous cherchez à concilier vos envies, les attentes de notre société et une adaptation adéquate aux exigences des études supérieures? Nous vous proposons un bilan d'orientation qui répondra à toutes ces attentes!

mardi 31 mars 2015

Tu fais quoi la semaine prochaine?

Blocus de Pâques: lire et comprendre ou bien mémoriser à long terme?

Le second quadrimestre offre à Pâques une belle opportunité aux étudiants, celle de pouvoir rattraper leur retard éventuel et, surtout, de prendre l'avance en vue des examens de mai-juin.

A côté des conseils traditionnels qui se répètent inlassablement (en résumé: bien manger, bien dormir, gérer son stress, se lever tôt le matin), il nous semble essentiel de rappeler l'objectif n°1 du blocus de Pâques: APPRENDRE!

Et pour apprendre, il ne suffit pas de manger sainement, ni de dormir 8 heures par nuit, ou encore d'avoir prévu de rester 9 heures devant ses cours! Ne tournons pas autour du pot et dénonçons tout de suite le problème qui se présente nécessairement aux étudiants. Un problème rarement avoué et qui, de plus, s'apparente à un véritable dilemme:
  • Soit le travail d'étude, c'est-à-dire la mémorisation, commence dès maintenant, mais alors le risque de tout oublier entre Pâques et le mois de mai semble énorme.
  • Soit le travail de mémorisation est reporté à plus tard, et l' "étude" se réduit à relire, mettre en ordre ses notes, trouver des résumés de cours, comprendre, refaire des exercices.
Conclusion: dans le 1er cas l'étudiant ne mémorise pas, et dans le second cas... il ne mémorise pas non plus! Les 2 chemins conduisent donc à la même impasse. 
Or il est évident que le problème provient d'une mauvaise attitude à l'égard de la mémorisation: dans les 2 cas, l'étudiant craint d'oublier, ce qui signifie que pour lui mémoriser revient à "répéter" la matière après l'avoir comprise. Effectivement, la pure répétition (apprendre par coeur!) entraîne bien une mémorisation à court terme.

La raison que l'on peut avancer pour expliquer cette représentation simpliste de la mémoire est la suivante: les étudiants n'ont pas encore fait activement l'expérience de mémoriser à long terme (1). Activement signifie: faire l'expérience consciemment par soi-même. Pour bien comprendre comment ils en sont arrivés là, rien de tel que de comparer le métier d'étudiant avant et pendant les études supérieures.


Avant, c'est-à-dire durant les études secondaires, l'assimilation des matières reposait essentiellement sur 3 piliers: 1) une pédagogie appliquée par des professeurs dont c'est le métier d'enseigner et qui utilisent un programme spécialement conçu pour activer l'apprentissage (cf. les fameux Socles de compétence); 2) un planning de travail continu imposé (cf. les échéances presque quotidiennes du journal de classe); 3) et enfin des évaluations régulières (interros, contrôles, révisions, examens, etc.). 

Pendant les études supérieures, que reste-t-il de ces 3 piliers porteurs de l'apprentissage? Pratiquement plus rien! Les professeurs ne sont plus des professionnels de l'enseignement (par exemple dans les universités aucun titre pédagogique n'est requis pour enseigner); les étudiants sont libres d'organiser leur travail d'étude comme bon leur semble; et enfin l'examen devient le plus souvent la seule et unique évaluation (il s'agit donc plus précisément d'une évaluation sommative). 

La seule manière de s'en sortir pour un étudiant c'est de découvrir qu'il doit répartir son effort tout au long de l'année, et que pour ce faire il possède un outil formidable: sa mémoire à long terme!

Comment utiliser la mémoire à long terme?
Dans leur ouvrage de référence (2), les psychologues Richard Gerrig et Philip Zimbardo livrent quelques résultats scientifiques particulièrement révélateurs relativement au fonctionnement de notre mémoire à long terme. Ils n'hésitent d'ailleurs pas à les transcrire directement en conseils destinés aux étudiants.
Par exemple, lorsque vous devez mémoriser une liste d'informations descriptives, et que vous avez compris à quel point répéter "par coeur" ne mènerait à rien de bon (cela ne ferait qu'activer la mémoire à court terme), voici ce qui est recommandé: "Vous devrez créer la structure vous-même. Essayez de former des images visuelles ou de construire des phrases ou des histoires qui utilisent ces concepts de façon créative" (p. 183). 

Dans notre jargon, la manière de travailler qui est ici mise en avant est une méthode active consistant à faire des liens: il s'agit de faire soi-même (de manière créative!) des liens entre les informations à assimiler. Soit des liens avec des informations déjà connues (par exemple sous la forme de moyens mnémotechniques), soit des liens entre les informations du cours à apprendre (étude transversale du chapitre, voire de plusieurs chapitres).


Ces mêmes auteurs insistent également sur un autre ingrédient important de la mémoire à long terme, à savoir la mise en contexte. Voici comment les chercheurs en sont arrivés à cette conclusion:

"Les chercheurs ont pu démontrer les effets incroyables du contexte sur la mémoire. Au cours d’une expérimentation, des plongeurs ont appris des listes de mots, soit sur la plage, soit sous l’eau. On a ensuite testé leur mémorisation dans un de ces deux contextes. Leurs résultats étaient environ 50% meilleurs, lorsque les contextes d’encodage et de rappel étaient les mêmes – même si les listes n’avaient rien à voir avec l’eau ou la plongée (Godden & Baddeley, 1975). De même, les gens ont eu de meilleurs résultats aux exercices de mémoire, quand le tempo de la musique de fond était le même pour l’encodage et le rappel (Balch & Lewis, 1996). Dans une autre étude, les performances des participants ont été améliorées, lorsque l’odeur de chocolat était présente, à la fois pendant l’encodage et le rappel (Schab, 1990)." (p. 175)

A nouveau l'étudiant est invité à faire des liens, cette fois entre les informations et des éléments contextuels. L'idée est de former un contexte précis lors de l'encodage, et d'utiliser plus tard ce même contexte pour récupérer des informations qui lui auront été associées. Cela peut être un contexte visuel, olfactif, auditif... mais aussi conceptuel. Par exemple, essayez d'étudier en racontant une histoire: il était une fois la physique mécanique, ou le droit romain, ou encore le coeur humain. La mémoire à long terme fait donc encore appel à votre créativité, et ce faisant étudier deviendra certainement une activité plus "amusante" que lorsque vous ne faisiez que lire, relire, recopier, répéter mentalement... Voici comment les auteurs formulent leur conseil fondé sur la spécificité des circonstances d'encodage:

"Le principe de la spécificité de l’encodage suggère que le contexte de récupération doit correspondre au contexte d’encodage. À l’université, le 
«contexte» signifiera souvent «le contexte d’autres informations». Si vous étudiez toujours dans le même contexte, il vous semblera difficile de récupérer l’information dans un contexte différent – si un professeur traite un sujet d’une façon un peu inhabituelle (lors de l'examen), vous risquez d’être totalement perdu. Pour y remédier, vous devez changer de contexte même pendant que vous étudiez. Revoyez l’ordre de vos notes. Posez-vous des questions qui mêlent différents sujets. Essayez de faire de nouvelles combinaisons." (p. 183)

Concluons...
Nous disions plus haut que la seule manière de s'en sortir pour un étudiant c'est de découvrir qu'il peut mémoriser à long terme. Nous avons vu comment. 
Ajoutons simplement que si cette leçon est bien comprise, alors le blocus de Pâques sera le gage d'une belle réussite en fin d'année!

Le travail de mémorisation à long terme dans lequel s'engagera l'étudiant à Pâques lui permettra de gagner beaucoup de temps, et donc de gérer sereinement la période qui le mènera jusqu'aux examens de mai-juin. 

Pour apprendre à bien gérer sont temps, il convient de commencer par apprendre à mémoriser convenablement!

Nathanaël LAURENT
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(1) Nous avons déjà évoqué à plusieurs reprises dans nos articles précédents l'importance de la mémoire à long terme: lire par exemple ici, ou , et encore ici.
(2) Psychologie, Pearson, 2008, 18ème édition, chapitre 7 "La mémoire".

Tip: Le meilleur moyen de bien bloquer à Pâques, c'est de le faire dans un cadre studieux, entouré de personnes compétentes. C'est pourquoi notre Blocus Assisté vous ouvre ses portes!

vendredi 20 mars 2015

Croyez en votre originalité, ne piquez pas les idées des autres!

"Camomille: C'est de toi? - Antoine: Quoi? Camomille: Ce que tu viens de dire. - Antoine: Je l'espère. On ne sait jamais. J'ai le plagiat inconscient." (Jean Anouilh, Les Poissons rouges ou Mon père ce héros)


Le plagiat: pourquoi il sévit, comment l'éviter.

Le site de référence en la matière plagiarism.org l'affirme sans ambages: "Le plagiat est un acte de fraude. Il s'agit à la fois de voler le travail de quelqu'un d'autre et de mentir à ce sujet par la suite." Or la pratique du "copier-coller" s'est à ce point intensifiée ces dernières années, que les universités, hautes écoles et écoles secondaires ont du se décider à partir en croisade pour lutter contre ce fléau. 

Qu'il s'agisse d'une enfreinte aux lois sur la propriété intellectuelle (informations à ce sujet ici) ou de  manière plus générale du vol d'un travail intellectuel produit par autrui (ce travail peut être alors très ancien et libre d'accès), le plagiat doit être dénoncé pour le bien de tous: il importe que chaque étudiant(e) ou thésard(e) développe ses capacités de questionnement et de créativité, d'une part, et que notre société puisse compter sur des personnes capables d'innover (découvrir, inventer, penser autrement, faire des associations nouvelles, etc.), d'autre part.

Sans porter de jugement moralisateur, nous voulons essayer de comprendre ce phénomène et pourquoi certaines personnes en arrivent à envisager - souvent sans mauvaise intention - cette pratique.

Qui sont les plagieurs?
Commençons par souligner, comme le font des observateurs de l'Université Catholique de Louvain,  que "dans 90% des cas, il s’agit de plagiat par ignorance" (Source). Ce qui signifie que les étudiants ignorent les règles et autres critères relatifs à la qualité d'un travail intellectuel. 

Pourquoi refaire le travail si il a déjà été réalisé? Pourquoi tenter de formuler autrement si cela a déjà été si bien écrit/expliqué? Si c'est là, c'est pour s'en servir, non? Voilà quelques exemples de réflexions qui soutiennent sans doute la logique du plagieur.

Une enquête servant souvent de référence a permis en fait d'identifier une dizaine de types de plagiat observés avec des fréquences variables (Turnitin: The Plagiarism Spectrum). Le phénomène est donc plus complexe qu'il n'y paraît!

De son côté, la professeure de marketing et de communication de l'Université de Genève, Micelle Bergadaà, parle sur son site de "phénomène de délinquance du savoir". Cette spécialiste reconnue du plagiat distingue ainsi 4 profils de plagieurs: le manipulateur, le bricoleur, le tricheur et le fraudeur. Chacun de ces plagieurs respecte plus ou moins nos valeurs morales et se comporte avec plus ou moins d'autonomie (détails de cette analyse sur le site mentionné).

Globalement, on peut dire que dans la majorité des cas 
le plagiat n'est pas la faute du plagieur, mais qu'il est plutôt dû à un manque d'information, de communication, et finalement à un défaut d'éducation. Ainsi, à l'Université de Mons on affirme que "le plagiat ne correspond pas nécessairement à une fraude délibérée mais peut aussi simplement procéder d’une éducation encore imparfaite aux méthodes adéquates de recension et de restitution des informations" (Source).

Comment plagie-t-on?

Il faudrait plutôt demander "comment ne plagie-t-on pas?" (voir plus loin), vu la facilité avec laquelle on peut insérer des phrases toutes faites dans un travail: 1) il suffit d'interroger une base de données (souvent en introduisant simplement quelques mots-clés); 2) un ou plusieurs documents traitant du sujet sont ainsi trouvés; 3) nous sommes alors tellement contents d'avoir déniché exactement ce que nous cherchions (c'est même parfois mieux qu'espéré!) que nous nous empressons de l'importer dans notre travail. Oui mais alors, ce travail est-il encore le nôtre? Qu'a-t-il encore d'original? Quelle est sa raison d'être?

Si vous vous rendez-compte que le "copier-coller" pose problème - parfois parce que le style de votre travail n'est plus homogène -, vous pouvez alors être tenté de pratiquer la paraphrase. Il s'agit alors de formuler en d'autres mots l'information, l'idée, l'explication que vous avez trouvée. Mais la paraphrase n'est-elle pas également considérée comme du plagiat? La réponse n'est pas unanime, mais il semble prudent de signaler que certaines institutions assimilent cette "technique" à du plagiat. C'est par exemple le cas de 
l'Université de Liège: "L'ULg considère qu'il n'est pas possible, ni conforme au processus d'expression de la pensée en milieu universitaire, de distinguer sur ce point le fond de la forme. Dès lors, la paraphrase ou réécriture partielle ou complète d'un passage emprunté sans mention explicite de la source est, elle aussi, tenue pour plagiat." (Source)

Nous estimons ici nécessaire de distinguer au moins 2 cas de figure: 
1) Dans le cadre d'un travail relevant des sciences exactes (physique, chimie, biologie, mais aussi d'autres sciences empiriques et formelles), et plus précisément de parties de ce travail visant à faire un état des lieux des connaissances acquises, il est presque inévitable de reprendre telles quelles des données précises en paraphrasant simplement les articles qui les ont publiées antérieurement; 
2) Dans le cadre d'un travail relevant des sciences humaines (philosophie, anthropologie, sociologie, histoire, littérature, certaines branches de la psychologie, etc.) il est par contre indispensable d'éviter la paraphrase vu que celle-ci empêcherait la formulation d'une idée nouvelle et l'appropriation d'un concept (à savoir le but 1er du travail!). 

Dans ce dernier cas c'est effectivement le travail d'écriture lui-même qui permet de fabriquer du sens, à savoir de communiquer de l'information. Par contre, dans le cas des sciences exactes ce sont plutôt des faits qui sont communiqués, ce qui n'exige pas un travail d'innovation langagière (ce travail risquerait même d'introduire de la subjectivité!).

Internet: le grand partage?
Cette base de données gigantesque que représente le World Wide Web, et les fabuleux moteurs de recherches qui permettent d'y dénicher toutes sortes d'informations, constituent des outils précieux dont nous aurions tord de nous passer!

S'il est donc possible de travailler avec internet (voir notre article à ce sujet), encore faut-il apprendre à bien manier l'outil, et à ne pas confondre "moyen" et "fin".

Internet offre des tas de compositions (sites, blogs, etc.) qui permettent de traquer l'information pertinente. Il est possible de remonter dans certains cas à la source même de l'information: articles en libre accès ou payant, livres partiellement ou totalement consultables (cf. la législation sur les droits d'auteur dont il est fait mention plus haut). Dans certains cas, c'est la page du site qui représente la seule source d'information accessible.

Au final, il est possible de bien utiliser cet outil en respectant 2 règles d'or:

1. Il faut toujours remonter à la source 1ère de l'information, c'est-à-dire au lieu de sa première formulation. Tant que cette source n'est pas trouvée avec certitude, continuez à chercher!

2. Il faut toujours citer cette source originelle de l'information originale lorsque vous la reprenez telle quelle (sans rien modifier!) dans votre propre travail.

Vive les citations!
La solution consiste donc à citer, puisqu'il vous est alors possible de faire du "copier-coller" en toute honnêteté et en toute légalité.

Il s'agit de reprendre l'idée de quelqu'un d'autre en mentionnant son auteur, et cela de la manière la plus précise possible. Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que les règles de citation ne sont pas faites pour vous embêter, mais qu'elles permettent au contraire à ceux qui vont vous lire de remonter eux aussi à la source originelle de l'information dont nous venons de parler.

Bref, les citations des autres vous ont aidé à trouver l'information dont vous aviez besoin, et bien vous aussi aidez ceux qui, grâce à votre travail, découvriront des informations pertinentes dans le cadre de leurs recherches!

L'utilisation d'un guide vous apprenant à citer correctement et à rédiger une bonne bibliographie est alors indispensable. Vous trouverez de nombreuses informations à ce sujet sur internet, et nous nous permettons ici de vous conseiller par exemple le manuel réalisé par Bernard Pochet de l'Université de Gembloux (1). Ce guide nous semble être particulièrement pratique, clair et complet (consultable ici).


Organisation et confiance: la meilleure prévention!
A l'Université de Namur, on souligne à juste titre que le manque d'organisation, d'une part, et le manque de confiance en soi, d'autre part, peuvent susciter la tentation de recourir au plagiat (lire ici,p. 6)

Le manque d'organisation se manifeste de 2 manières:
  • Mauvaise gestion du temps: plus vous vous y prenez tard pour faire votre travail, plus vous serez tenté de gagner du temps en reprenant le travail d'un autre ou en rassemblant des parties de travaux existant. Il faut donc lutter contre la procrastination!
  • Mauvaise organisation du travail en lui-même: si vous négligez la première étape de votre travail, vous risquez de plus facilement tomber dans le plagiat. Cette étape consiste à circonscrire une problématique, à formuler une question de recherche et à élaborer une ou quelques hypothèses de travail. Il faut absolument éviter de se mettre à chercher des informations avant d'avoir au moins une problématique et une question de recherche clairement établies! Si ce n'est pas le cas, vous trouverez certainement des documents paraissant avoir fait le travail à votre place... mais quel travail? Ce n'est que si votre question de départ est suffisamment originale que vous pourrez conserver tout au long de votre travail cette exigence d'originalité! Une fois cette 1ère étape franchie, vous pouvez alors établir une ébauche de plan de travail (introduction, méthode, résultats/développement, conclusions, bibliographie), puis partir à la recherche d'informations pertinentes (cf. nos 2 règles d'or ci-dessus), et enfin vous servir de ces dernières pour répondre à votre question de départ (rédaction du travail et insertion de citations).
Le manque de confiance est certainement le plus souvent causé - à votre insu ou non - par cette exigence d'originalité que nous venons de relever: êtes-vous capable de prendre le recul nécessaire pour repérer une problématique? êtes-vous capable de trouver une question originale? ... Et si vous n'y arriviez pas?
Il est possible de remédier au manque de confiance en soi de différentes manières:
  • La problématique et la question de départ vous apparaîtront plus facilement si vous passez par une phase initiale d'exploration: lecture d'un ou deux ouvrages/articles de référence (qui font une revue de la littérature traitant d'un sujet donné); discussion approfondie et "brain storming" avec votre promoteur ou avec le professeur responsable de votre travail (ou avec toute autre personne qui voudra bien vous écouter attentivement).
  • N'hésitez pas à utilisez la technique du Mind Map (lire notre article à ce sujet) de manière à mettre de l'ordre dans vos idées et dans les informations - parfois nombreuses - que vous avez accumulées: vous pourrez ainsi plus facilement faire des liens, mettre en évidence des ressemblances, des disjonctions, voire des contradictions... et donc découvrir de quoi formuler une question de départ suffisamment pertinente et originale.
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(1) B. Pochet, "Lire et écrire la littérature scientifique", Dépôt légal D/2012/1665/118 (réédition 2014) - ISBN 978-2-87016-118-0, Presses agronomiques de Gemboux.

Tip: Si vous souhaitez apprendre à réaliser un travail original sans risque de plagiat, n'hésitez pas à nous contacter: de nombreux formateurs sont à votre disposition pour vous y aider.