"Les jeunes reçoivent beaucoup d’infos, ils croient savoir mais ne savent
pas. Ils s’arrêtent souvent aux études et ont du mal à se projeter dans
le monde professionnel." (Catherine Van Gyseghem, directrice du SIEP de Liège, L'avenir)
Bien se ré-orienter dans les études, une grande responsabilité.
Alors que certains rapportent que le nombre d'indécis relativement au choix des études supérieures au sortir des humanités est "interpellant" (L'avenir, 23/08/2014), que dire de l'indécision qui survient après un ou plusieurs essais et autant d'échecs?
Actuellement, de nombreux étudiants qui n'ont pas réussi leurs examens de troisième session (de l'ordre de 50 % des étudiants inscrits l'an dernier en 1er baccalauréat, voire 60% selon certaines sources!) se posent sans doute une des questions suivantes: "suis-je bien fait pour ces études?", "dois-je uniquement étudier plus pour y arriver?", "faut-il que je me remette à chercher une orientation qui me convienne?", "ai-je les capacités?".
Comment les aider à répondre à ces questions véritablement existentielles? Voici quelques réflexions et quelques jalons qui pourront vous aider à faire le bon choix et à prendre conscience de la responsabilité qui est en jeu dans cette décision. En effet, notre société finance en partie les études des jeunes qui sont destinés à devenir ses acteurs de demain: pour certains ce sera participer au moteur de la vie économique de notre pays, pour d'autres cela consistera à se mettre au service des citoyens (santé, droit, aide sociale, etc.), pour d'autres encore il s'agira de former les nouvelles générations à venir (enseignement).
1. Un projet à long terme = une dose nécessaire de motivation
Afin de bien choisir sa filière d'études, il faut bien réfléchir à la vie professionnelle que l'on souhaite mener durant les plus de 40 années qui suivront!
Si la vocation n'est pas au rendez-vous, alors penchez-vous sur vos loisirs, hobbys, et même vos rêves! Ce projet est bien sûr un idéal - qui sait ce qui va se passer durant les années d'études? - mais cet idéal est le seul moteur mental que vous ayez maintenant pour booster votre courage et vous impliquer sérieusement dans vos études.
Or sans motivation, pas de réussite! L'équation est simple, mais elle explique une bonne part des cas d'échec. Un choix auquel vous auriez abouti en procédant par "élimination", ou pour d'autres mauvaises raisons ("j'ai un bon ami qui fait ça", "j'ai envie de vivre à tel endroit", etc.) n'est PAS un bon choix.
N'oubliez pas que votre décision doit déboucher sur une réelle envie d'apprendre sans laquelle vous ne parviendrez pas à mettre en place une méthode de travail correcte.
Comment un tel projet professionnel peut-il apparaître? Il vous faut aller à sa rencontre car il ne surgira pas tout seul comme par enchantement. Il faut donc se bouger, aller à la rencontre, en parler autour de soi, et faire preuve d'imagination.
Voici quelques témoignages qui pourront servir d'exemple. Rien de tel cependant qu'une expérience concrète: après avoir fait la liste des métiers ou des domaines professionnels potentiellement intéressant (à ce stade on peut encore procéder par élimination), il faut aller à leur rencontre via des relations (parents, amis, etc.), les pages jaunes, internet, etc. Prendre le téléphone, discuter, aller voir, faire un mini-stage d'observation (ne fut-ce qu'une journée), ... Tout cela est susceptible de provoquer les réactions nécessaires à la formation d'un projet d'avenir.
Ne négligez pas non plus le jeu des influences dans lequel nous sommes imbriqués! "Le choix de tes études ne doit dépendre que de toi et de tes goûts et envies", entend-on parfois (source), mais ce n'est là qu'une demi vérité! Personne ne choisit absolument seul et que pour lui-même! Les parents, l'entourage, l'éducation reçue, notre culture, les expériences passées vécues, les exemples rencontrés, etc. Autant de faits qui alimentent le processus de réflexion et influenceront la décision finale. Il est intéressant de savoir reconnaître certains de ces facteurs qui inclinent notre désir vers tel ou tel projet d'avenir.
2. Formation universitaire ou non-universitaire?
Il ne faut pas vouloir obtenir un diplôme universitaire à tout prix, sous prétexte que ce dernier garantit de trouver plus facilement un emploi et que cet emploi sera mieux rémunéré! En effet, les listes d'études non-universitaires qui mènent à des professions où il y a pénurie sont plus longues (voir ce document de l'ONEM)!
Mais les clichés ont la vie dure: c'est un peu comme si "université" rimait avec "plus intelligent" ou encore "richesse promise". Rien de plus faux! En dehors des études appliquées (ingénieurs, médecins, kinés, vétérinaires), les universités offrent une formation avant tout théorique (fondamentale) ouvrant les perspectives de l'enseignement et de la recherche.
Dans certains domaines (la communication, la kiné, la traduction et l'interprétation, la gestion, etc.), il vaut même autant - voire mieux - miser sur la formation offerte dans une haute école!
En tout cas, comparer de manière détaillée les programmes est indispensable! Prenons un exemple avec les études de communication et d'information: on y trouvera 30h de langues en 1er baccalauréat à l'UCL, contre 60h dans la même année à l'ULG et 120h en 1ère année à l'IHECS!
3. Comment reconnaître une "bonne" formation?
Une fois le projet d'avenir professionnel en tête (au moins un secteur d'activité privilégié), il faut choisir une haute école ou une université offrant une formation "solide", c'est-à-dire approfondie dans un ou plusieurs domaines qui peuvent être considérés comme fondamentaux:
- Le droit
- Les mathématiques
- Les langues
- et selon les secteurs: la comptabilité, les sciences exactes (physique, chimie, biologie), l'anatomie, la philosophie, le français et l'histoire.
"Si vous terminez avec un master industriel en poche, ou un diplôme d’ingénieur ou en sciences économiques appliquées, vous avez peu de soucis à vous faire. Vous aurez en général un peu plus de problèmes avec un diplôme en sciences politiques et sociales." (source). Voilà un conseil qui en dit long: une formation (baccalauréat) qui propose "un peu de tout", mais qui n’approfondit aucune des matières envisagées ci-dessus est suspecte!
4. Une méthode de travail sérieuse pour se donner les moyens d'assouvir sa faim de savoir!
Une fois le choix opéré correctement, la motivation doit être à son comble. Pourtant les difficultés ne manqueront pas d'apparaître tout au long du parcours des études (un prof pas sympa, une matière peu intéressante, des examens plus difficiles que prévus, etc.).
Sans une bonne méthode de travail, les tentations et autres distractions risquent de prendre le dessus (procrastination, excès de confiance, etc.). Or 2 choses comptent vraiment pour trouver la manière de travailler qui convient: une gestion du temps drastique (un rythme de travail, donc l'usage d'un planning) et un usage intelligent de sa mémoire (utiliser la mémoire à long terme en se posant des questions afin d'aller chercher et de découvrir soi-même l'information).
Via une formation en méthode de travail il est alors possible de mettre toutes les chances de son côté!
5. Faire le point régulièrement et savoir se remettre en question
Le projet d'avenir professionnel étant un idéal, et le choix des études ayant parfois été laborieux, il est possible de découvrir plus ou moins rapidement que "ce n'est pas fait pour moi" ou que "ce n'est pas du tout ce à quoi je m'attendais"...
En cas de réorientation et si plusieurs tentatives ont déjà été menées, il faut alors veiller à rester finançable!
Or les règles de
financement d'un étudiant dans le supérieur change à partir de cette
année académique, et ce dans le cadre du nouveau "Décret paysage" (lire
toutes les informations à ce sujet ici).
En cas de doute, pensez à vous désinscrire à temps: dans
l'enseignement supérieur (non-universitaire tout comme universitaire),
un étudiant ne souhaitant pas continuer son année doit se désinscrire
avant le 1er décembre de l'année académique pour que son année entamée
ne soit pas reprise dans le calcul du nombre d'inscriptions et que le
minerval lui soit remboursé à 90% !
Que faire si j’interromps mon année? Il existe des programmes adaptés pour effectuer la transition vers un nouveau choix (la "Formation-relais" proposée par le CPFB par exemple) ou des projets socio-éducatifs alternatifs qui permettront de prendre du recul et de réfléchir à nouveau (le Service Citoyen, le Service Volontaire International, le Service Civil International, entre autres).
Nathanaël LAURENT
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