Les médias rappellent chaque
année de bons conseils adressés aux jeunes qui entament des études supérieures
dans nos Hautes Ecoles et Universités. Si l’intention est louable, le moment
choisi pour diffuser ces informations est quant à lui inapproprié.
L’habitude des bonnes résolutions
dispensées en début d’année est tenace, bien qu’inefficace. Leur effet est
éphémère, mais c’est la bonne conscience qui l’emporte dans ce cas sur la
raison. En début d’année académique les étudiants qui débarquent en
baccalauréat reçoivent ainsi leur pack de bonnes résolutions qu’ils rangeront
bien sagement dans un coin de leur chambre. Pourquoi ? Tout simplement
parce qu’il s’agit d’une sorte de charte morale imposée, leur parvenant au
moment précis où ils découvrent la liberté! Cette liberté (plus de
devoirs ni de leçons, la vie en kot pour certains, la présence non obligatoire
aux cours pour les universitaires, etc.) balaiera aisément le kit d’étudiant
modèle proposé.
Ensuite viennent les conseils
qui surgissent durant le blocus ou carrément pendant la période d’examens. Si
les premiers débarquaient trop tôt, ces conseils-ci arrivent trop tard. C’est un
travail régulier durant tout le quadrimestre qui peut assurer à l’étudiant de
réussir ses examens, pas juste un « blocus parfait »!
On peut enfin repérer une
troisième période de l’année au cours de laquelle les étudiants reçoivent un
peu d’attention : après les examens, lorsque le constat d’échec est posé.
Le couperet est alors inlassablement le suivant: "60% d’ajournés"! Les
tentatives pour tirer des leçons de ce piètre résultat ne manquent pas, mais le
fait est qu’aucun changement perceptible n’est observé.
Envisageons dès lors les
choses autrement. Cela fait 2 mois que les étudiants fréquentent
les auditoires et c’est précisément maintenant que se décide en grande partie
la réussite de leur année. Les rites d’introduction (baptême, bizutage, peu
importe leur appellation) s’achèvent et le nombre de chapitres enseignés commence à croître sérieusement. Les introductions et autres rappels sont bel
et bien terminés et le rythme s’accélère.
Plutôt que des bonnes
résolutions ou des conseils tombant au mauvais moment, nous proposons aux
étudiant(e)s en cette période cruciale de l’année 10 commandements. Bien que « libres » de gérer leur
vie comme bon leur semble, les bacheliers doivent découvrir ce qu’est
l’autonomie, à savoir la capacité de se fixer soi-même des limites. Nos
commandements ont donc pour but d’indiquer à l’étudiant(e) là où il doit se
fixer des limites s’il veut mettre toutes les chances de réussite de son côté.
1° Adapte-toi à ton nouvel environnement.
Plus rien à voir avec les
études secondaires! Ce n’est pas que la quantité de matière qui augmente,
mais c’est surtout la manière d’apprendre qui est carrément nouvelle. Chaque
étudiant doit prendre conscience que c’est à présent à lui d’aller chercher le
savoir, que c’est à lui de dénicher des informations et d’en dégager une
structure, un fil conducteur.
2° Anticipe!
Les examens clôturent une
phase d’apprentissage, mais cela ne veut pas dire qu’il faut attendre la fin
des cours pour s’y intéresser. La manière dont se déroulera l’examen
(oralement, par écrit, avec des questions ouvertes et/ou à choix multiples) détermine
la méthode de travail qui convient pour s’y préparer.
Par ailleurs l’anticipation
détermine également en grande partie la qualité de la prise de notes. Lire le
cours (syllabus) à l’avance est une perte de temps, mais étudier le plan du
cours à l’avance fera gagner en efficacité tout le processus d’apprentissage.
Il faut se préparer à assister à un cours comme on prépare un citytrip: en
connaissant la "carte" de la matière.
3° Fais le lien entre tes multiples activités et le temps
dont tu disposes.
Pour apprendre à se mettre des
limites et à trouver un équilibre intéressant entre travail et loisirs, rien de
tel que répertorier dans un agenda toutes les activités qui s’imposent (cours,
séminaire, travaux pratiques, trajets, activités sportives régulières,
mouvements de jeunesse, sorties entre amis, etc.). Il est alors possible de
cerner précisément le temps libre restant et de décider par soi-même (autonomie!)
de le consacrer à l’étude.
4° Adopte un rythme, vise la régularité.
Ce n’est pas la quantité mais
la qualité qui compte en matière de travail d’étude. Croire que l’on peut tout
étudier (mémoriser) durant le blocus est une erreur gave. D’une part c’est la
régularité du travail personnel qui rend l’effort gagnant (quel sportif
s’entraîne uniquement la veille d’un compétition?); d’autre part ce
travail régulier doit être un véritable travail d’étude : non pas
simplement lire pour comprendre, mais décortiquer la matière pour mémoriser.
5° Comme si tu étais un acteur : répète!
La répétition est
indispensable pour la mémorisation, mais beaucoup trop d’étudiants confondent
deux manière de répéter: il y a la pure répétition par cœur, intensive et
limitée dans le temps (le plus souvent quelques jours, voire quelques heures
avant l’examen) et il y a la répétition cumulative et étendue au maximum dans
le temps. Seule cette dernière rend efficace l’étude. Le principe est
simple: à chaque fois que je travaille un nouveau chapitre, je raconte
(je répète) ce que contiennent les précédents… et je veille à espacer l’étude
des différents chapitres.
6° Révise, entraîne-toi, simule.
Apprendre à s’autoévaluer est
une étape indispensable pour qui vise la réussite de ses études supérieures. "Bloquer" n’est pas synonyme, comme on le croit trop souvent, de "mémoriser", mais signifie bien plutôt "réviser". Il
faut pendant le blocus s’interroger en prenant pour modèle des exemples de
questions d’examen. Pour ce faire il faut donc avoir déjà étudié avant le
blocus!
7° Connais-toi toi-même et récompense-toi !
Apprendre à se connaître est
une autre étape cruciale sur le chemin de la réussite. Quand et où vai-je
étudier? Seul ou avec d’autres? En parlant, en écrivant, en
marchant, en chantant? Combien temps puis-je rester concentré?
Comment vais-je présenter la synthèse de mon cours (tableaux, arbres,
etc.)? Que vais-je faire pour me détendre après l’effort? Répondre
à ces questions permet de se motiver avant le travail, et donc permet de rendre
ce dernier efficace.
8° Profite de tes réseaux sociaux.
L’union fait la force, c’est
notre devise, alors pourquoi travailler seul? A plusieurs les étudiants
peuvent certainement se mettre au travail, s’interroger les uns les autres,
échanger des infos utiles, s’imposer une discipline. Pourquoi l’évènementiel,
pour les bacheliers, se situerait-il pas là également, dans l’organisation de
réunions de travail, de rencontres studieuses, de séances de révision?
9° Sois curieux !
"La curiosité augmente la capacité des gens à apprendre
et à retenir de nouvelles informations, grâce à des centres de
récompense et de mémorisation dans
le cerveau." Voilà ce que rapportait la prestigieuse revue
scientifique Nature dans son numéro
du 9 octobre dernier (volume 514, p. 143) en faisant référence à une étude
récente apportant la preuve scientifique que la curiosité augmente la mémoire. Etre curieux consiste à se
poser des questions et à aller chercher des réponses (dans les notes, le
syllabus, auprès du professeur, etc.). Trouver une information qui répond à une
question que l’on s’est posée revient à la mémoriser durablement. Il n’y a rien
de magique à cela, mais nous sous-exploitons généralement nos capacités
mnémoniques… par manque de curiosité.
10° Fais-toi aider avant qu’il soit trop tard.
Savoir
chercher de l’aide quand ça ne va pas est également fait également partie de
l’autonomie. Reconnaître ses propres limites c’est également une manière de se
mettre des limites! L’étudiant qui n’a pas compris une partie de matière,
qui ne sait pas faire certains exercices, ou bien qui ne parvient pas à lutter
contre la procrastination, doit demander de l’aide.
Tout comme un
sportif professionnel est coaché pour lui permettre d’exploiter au maximum son
plein potentiel, les qualités de l’étudiant ont parfois besoin d’un
accompagnement pour s'exprimer.
Nathanaël LAURENT
Nathanaël LAURENT
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